mardi 2 novembre 2010

Bus line

Encore une errance, encore une aventure à se perdre dans les rues, à ne pas trop savoir où on va. Toujours près des Ternes, près d’une adorable rue commerçante pleine de fleurs, pleine de fruits, de couleurs vives, de teintes presque trop éblouissantes dont je vous parlerai bientôt.
Je cherchais à me rapatrier vers une bouche de métro. Aller sous terre quand il fait jour si tard, ce n’est guère enchanteur. C’est comme devoir se coucher alors qu’on a la tête pleine de fulgurances. Dormir, pour quoi faire, pour quoi faire quand on habite Paris. C’est mieux de la voir s’agiter la ville, de la voir s’agiter du haut d’un bus, du haut d’un bus qui surplombe la route. Se croire toute puissante car être dans un bus déserté c’est comme si, en quelque sorte, on l’avait réservé. Comme si le chauffeur nous conduisait où bon nous semble. Comme si on se laissait guider par un inconnu sans éprouver la moindre crainte. Direction Invalides, donc, sans trop savoir par où passera l’inconnu. C’est  jubilatoire de prendre un chemin dont on ne soupçonnait pas l’existence. C’est ce qui fait le sel de la vie, la veille du week-end de l’Ascension, un mercredi soir, les pieds distordus par la longue marche.
Il y a les imprimés de fête qui couvrent les garnitures du bus, la douceur du garnissage, le panneau lumineux qui clignote, nos reflets dans la vitre, les baies vitrées, ces grandes baies vitrées qui font entrer la ville, la belle lumière rouge des feus, des phares, des clignotants. C’est la ville qui exulte et on se sent à l’abri, couvés, spectateurs tranquilles du monde qui nous entoure, passagers, responsables de rien. C’est rassurant, je trouve. C’est reposant.
Sur la vaste étendue qui entoure les Invalides, il y avait l’arrêt définitif, les arbres plantés densément. Déjà. C’est déjà fini.

Ligne de bus 93, Suresnes – De Gaulle – Invalides.

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